Un fait remarquable se produit à MONTARDON. Il est relaté dans le livre de l’église du Diocèse de Bayonne au chapitre de l’archiprêtré de SERRES-CASTET, portant en sous-titre la mention SERRES – MONTARDON – ROMAS :
« Les habitants de MONTARDON bâtirent une église ou chapelle pendant que les ennemis du culte dévastaient et renversaient les autels partout. Il n’y en avait point eu jusqu’alors. Lorsque les prêtres catholiques sortirent de réclusion en 1795, l’un d’entre eux, le Révérend Père TESSIER en fit la bénédiction à la prière des habitants. Cette chapelle fut desservie ensuite par monsieur l’abbé BARETOUS de JOUERS, dans le diocèse d’Oloron. Ce prêtre qui eut le noble courage de rétracter son serment dans le plus fort de la persécution avait été absous et réhabilité mais dut partir en exil en Espagne. »
Au temps de la révolution, MONTARDON est déjà annexé à SERRES-CASTET. De 1796 à 1803, les prêtres assermentés et les prêtres « jureurs » sont en concurrence : les dimanches et jours de fête, l’office religieux est célébré par le curé jureur, et les jours de semaine par le curé canonique ! En 1803, monsieur MORLANNE devient le curé canonique de SERRES-CASTET et de MONTARDON. Mais, à MONTARDON, on en a vraiment assez de tous ces conflits et on prend une décision héroïque : on va construire une église, faire classer MONTARDON en paroisse et avoir enfin un curé dans la commune. Perpétuel recommencement.
En attendant la construction décidée de l’église, on envisage de créer un oratoire en aménageant une maison en chapelle et d’y faire célébrer les offices par un prêtre venu de l’extérieur. Le lieu choisi est la maison d’un ancien cabaretier qui l’a cédée par contrat public à un particulier de MONTARDON, SIOT. La maison fut aussitôt aménagée en chapelle malgré le désaccord du conseil municipal de SERRES-CASTET qui se plaint amèrement de l’initiative prise par MONTARDON : « La seule église devant desservir les deux communes étant la paroisse de SERRES-CASTET selon les règles canoniques ». Plusieurs réunions de conseils municipaux plus tard (5 ans), rien n’est changé !
Nous sommes en 1808. MONTARDON ne payant plus les frais à SERRES-CASTET, est annexé à BUROS, mettant un point final à cette polémique avec SERRES-CASTET.
Bon ! Cette église, elle en est où ? Il faut attendre 1836, 28 ans plus tard, pour voir le début de la construction. Malgré la bonne volonté de tous les habitants, les travaux vont lentement car les crédits sont limités. En 1839, une nouvelle demande d’autorisation de coupe de bois pour parer aux dépenses est effectuée. En 1841, de même : les fonds de la communauté sont épuisés avant que les travaux en cours soient terminés. Il est à noter que les habitants font le transport des matériaux par corvées volontaires.
Alors que l’église est toujours en construction, en 1846 commencent les travaux de construction du presbytère. En 1847, le premier curé de MONTARDON, l’abbé CASAU, prend ses fonctions dans sa propre église consacrée sous le vocable de St-Michel. Malgré l’aide précieuse de la classe ouvrière (gratuitement), 5 ans après, les travaux du presbytère ne sont toujours pas terminés faute de matériaux et le curé est toujours logé chez l’habitant pour lequel la commune paye indemnité.
Il aura donc fallu près d’un demi-siècle, la persévérance et les nombreux sacrifices des habitants de MONTARDON pour réaliser la venue de ce « digne prêtre » et se donner le nom de paroisse.
Mais les guerres causent souvent de grands bouleversements et dès la fin de la guerre (1918) MONTARDON se retrouve sans curé. Une nouvelle période d’un demi-siècle va obliger les Montardonnais à dépendre de nouveau de l’activité sacerdotale de ses voisins ; la population va se trouver divisée selon sa résidence ou ses attaches familiales : les uns iront au catéchisme à BUROS, les autres à SERRES-CASTET. Seule différence, les cérémonies officielles, baptêmes, mariages, obsèques, seront célébrés par l’un des deux curés dans l’église paroissiale de MONTARDON et l’on verra par les chemins tantôt le curé de BUROS, tantôt le curé de SERRES-CASTET, circuler souvent à pied précédés d’un enfant de cœur agitant sa sonnette pour porter le secours des sacrements aux malades en danger. L’église n’est toujours pas en bon état. En 1953 (25/7) proposition de réfection de « l’autel rongé par les termites menaçant de s’effondrer sur le prêtre ou les fidèles » propose le remplacement par un autel en pierre avec souscription auprès des fidèles et aide de la municipalité, et en 1954 réfection du toit de l’église.
Sauf une période de 2 années (1926-1927) où monsieur RAVIE fut curé de la paroisse, séjournant au presbytère il aura fallu attendre un demi-siècle (1976) pour obtenir de l’évêché de BAYONNE la nomination d’un nouveau curé (le 5ème), monsieur l’abbé BASCOUGNET originaire de LACOMMANDE qui exercera le culte pendant 8 ans en desservant aussi BUROS. C »est au cours de cette période, en 1983, que sous l’impulsion du maire, monsieur BAZACCO, et du conseil municipal fut réalisée une magnifique réfection de l’église.
En conclusion, il faut donc souligner à travers tant de vicissitudes territoriales, cette permanence de la foi à MONTARDON, foi qui s’est manifestée bien sûr par cette persévérance à réaliser un digne lieu du culte, véritable réussite puisque l’église de MONTARDON (rénovée avec goût en 1983) est un lieu de prière privilégié dans ce cadre intime réalisé par le travail du siècle passé, avec l’élégance de son clocher typique, l’harmonie de sa nef, la beauté de sa charpente, le charme de sa galerie, une acoustique parfaite mettant en valeur la musique et les belles voix béarnaises.
Cette foi se manifestait aussi par cette présence aux cérémonies liturgiques et par l’accueil réservé à l’Évêque du diocèse lorsque celui-ci effectuait une tournée pastorale. C’est ainsi qu’en 1936, époque où MONTARDON n’avait plus de curé, la venue de l’Évêque à MONTARDON causa une grande joie. On alla l’accueillir à l’entrée du village en magnifique cortège avec des chevaux bichonnés et fleuris. L’Évêque fit donc halte à l’église de MONTARDON et certaines phrases de son discours sont demeurées longtemps vivaces dans la mémoire des Montardonnais et Montardonnaises, notamment : « Ne compliquons pas les choses simples et simplifions les choses compliquées ». Le maire, le conseil municipal étant aussi présent au grand complet, fit aussi sur la place un discours de bienvenue et toute la cavalerie avec monsieur ARCABOUSET en tête (ancien artilleur) fit escorte à l’Évêque jusqu’à SERRES-CASTET.
Mais surtout cette foi se manifestait en profondeur par une grande générosité dans l’entraide vis-à-vis des plus défavorisés : les registres municipaux de MONTARDON portent mention de nombreux legs offerts par les plus fortunés aux profits des pauvres de la commune.
C’était cela l’essentiel : la charité et l’amour du prochain »
L’église Saint-Michel
Et après tout cela ?
Après le départ de l’abbé BASCOUGNET en 1984, un successeur fut nommé par l’Évêché de BAYONNE et c’est ainsi que la paroisse de MONTARDON / BUROS reçut en Septembre 1984 l’abbé Armand PREBENDE, originaire de LAHONTAN. Après onze années de présence, en Septembre 1995, il fut une nouvelle fois muté dans la paroisse de GARLIN.
Du coup, MONTARDON / BUROS se retrouvent de nouveau sans curé. La gestion de cette paroisse est confiée à l’abbé Dominique MAYE-LASSERRE, curé de SERRES-CASTET, qui devient « curé administrateur ». Les offices sont célébrés le plus souvent par des « pères blancs » cantonnés à Pau, à charge des paroissiens d’assurer le transport aller et retour lorsque ceux-ci n’ont pas de moyen de locomotion.
Depuis le départ de l’abbé PREBENDE, les paroissiens s’organisent au fil du temps, essayant de leur mieux de faire ‘vivre’ encore cette paroisse, de plus en plus persuadés que leur presbytère restera définitivement clos.
Et pourtant la nouvelle est confirmée en avril 1996 aux municipalités de MONTARDON et BUROS, ainsi qu’au clergé : un prêtre auxiliaire sera nommé sur cette paroisse. La nomination officielle a paru dans le bulletin diocésain n° 19 du 8 Mai 1996 : M. l’abbé Dominique MAYE-LASSERRE, curé de SERRES-CASTET, est nommé également curé de MONTARDON / BUROS. M. l’abbé Henri LACOUTURE, curé de MONASSUT, est nommé « prêtre auxiliaire » dans le secteur pastoral du Nord de PAU, à la paroisse de MONTARDON / BUROS. Il résidera au presbytère de MONTARDON.
C’est donc en Septembre 1996 que les volets du presbytère de MONTARDON se ré-ouvrent à nouveau et le cœur de tous les paroissiens est rempli de joie en voyant de nouveau la lumière dans ce bâtiment. La cérémonie canonique d »installation et d »accueil des deux prêtres a lieu le Dimanche 1er Septembre 1996 à 17 h en l »église Saint-Michel de MONTARDON, présidée par le vicaire général, M. l »abbé Charles BENSE. Pendant trois années la vie pastorale coule de nouveau paisible, l’abbé LACOUTURE prenant en charge les missions que lui confie l’abbé MAYE-LASSERRE. Hélas, en juillet 1999, pour cause de maladie, l’abbé LACOUTURE dut quitter son presbytère de MONTARDON pour l’hôpital de Pau, puis la maison de retraite où il mourut en Juin 2001. Les volets du presbytère restèrent de nouveau fermés.
Pendant ce temps-là, le remodelage des paroisses demandé par l’Évêché allait bon train, et le 15 Février 1998, en l’église de NAVAILLES-ANGOS, la nouvelle paroisse de Sainte-Croix des Lacs était inaugurée par le vicaire général, l’abbé Charles BENSE.
Cette nouvelle paroisse étant officialisée, MONTARDON / BUROS devient partie intégrante de ‘Sainte Croix des Lacs’ et n’existe plus en tant que paroisse autonome. Dès lors, le presbytère perd définitivement son appellation et devient une annexe de la mairie.
… Fin d’une époque.
Document écrit en Octobre 2007, les paragraphes en italique faisant référence au travail de monsieur Robert LOUSTALLOT consigné dans son très beau livre « Histoire de Montardon ».